Wazoo (2007)
Disque 1
1 - Intro Intros 3:472 - The Grand Wazoo (Think It Over) 21:17
3 - Approximate 14:39
4 - Big Swifty 11:49
Disque 2
1 - Ulterior Motive 3:192 - The Adventures Of Greggery Peccary: Movement I 4:50
3 - The Adventures Of Greggery Peccary: Movement II 9:07
4 - The Adventures Of Greggery Peccary: Movement III 12:33
5 - The Adventures Of Greggery Peccary: Movement IV 7:35
6 - Penis Dimension 3:35
7 - Variant I Processional March 3:28
Pour le commun des mortels, ce double album risque d'être une sacrée épreuve. Disons d'emblée que si vous survivez à l'écoute de ce live posthume de Zappa paru en 2007, vous pourrez ensuite vous adonner
sans retenue au reste de la production des années 70 du sieur à moustache.
Retransmission d'un concert donné en 1972 (le 24 septembre), "Wazoo" rassemble sur scène une vingtaine de musiciens en formation big band.
Mais revenons aux origines du projet.
En 1972, Zappa vient d'être déplâtré après avoir passé une année en chaise roulante suite à sa rencontre avec un fan un peu énervé. Il a bien eu le temps de réfléchir et de concocter un futur rempli de musique.
En premier lieu, il remercie les Mothers of Invention et sort trois nouveaux albums dont "The Grand Wazoo".
Il part en tournée en formation réduite. Il appellera cette série de concerts "Le Petit Wazoo".
Le double "Wazoo" évoque la tournée en grande formation de plus de 20 musiciens, "Le Grand Wazoo".
La parution de ces titres en live en 2007 fit l'effet d'une petite bombe sonique. Le côté "historique" étant nettement plus plébiscité que celle de la performance entâchée par un son très moyen.
Tout commence avec "Intro Intros" et un discours de Zappa qui annonce les instruments de l'orchestre l'accompagnant sur scène. Chacun s'illustre par quelques notes sous les applaudissements du public. La guitare est la dernière
à se manifester. Elle embraye directement sur la longue plage "The Grand Wazoo (Think It Over)" en mode jazz libre. Ce big band bien en place nous rappelle les grandes heures du jazz et fait remonter des images de films avec
ou sans Clint Eastwood. A la 3ème minute la guitare prend le relais, entourée d'une forêt de cuivres. L'instrumental se déroule de façon très plaisante en passant d'un solo à un autre. Trompette, guitare, puis à nouveau les cuivres,
le clavier. A la 18 ème minute, le morceau s'arrête et Zappa remercie. Il précise que c'est la dernière fois que cette formation se produit. Il rajoute aussi que maintenant, le concert va s'orienter vers quelque chose de plus élaboré.
La construction du morceau suivant est plus que particulière.
"Approximate" reste le modèle même de la musique d'avant-garde. Zappa a écrit une partition où ne figure que le rythme. Les notes à jouer sont laissées à l'appréciation de la vingtaine d'interprètes. Inutile de dire que le résultat est
atypique. Aucune ligne directrice dans la mélodie et des musiciens qui font chacun ce qu'ils veulent. Si certains tentent de se caler sur la tonalité du voisin, d'autres n'en ont strictement rien à braire et poursuivent leur chemin en solo
dans leur propre univers tonal. Les solis de chaque instrument se suivent selon l'humeur, calme ou échevelé, de la guitare au clavier en passant par les cuivres ou le vibraphone.
"Approximate" est difficilement assimilable en une seule fois. Il faudra y revenir à plusieurs reprises pour en saisir toutes les nuances.
Le premier disque se termine déjà avec "Big Swifty". Après une intro tonitruante, le morceau bascule sur du jazz pur qui à son tour se transforme en rythm'n blues de la plus belle espèce. Les solos se suivent soutenus par une
rythmique d'un groove implacable. Le titre revient dans les clous jazz après 9 bonnes minutes de bonheur. Les clameurs du public semblent bien lointaines...
Un peu plus de titres pour cette seconde rondelle.
En ouverture, sur "Ulterior Motive" qui n'est pas un morceau mais juste un discours avec le public, Zappa explique que chaque mouvement du long titre à venir est séparé du suivant par un solo.
La première partie "The Adventures Of Greggery Peccary: Movement I" ouvre des perpectives intéressantes. Première surprise et non des moindres, nous sommes sur du tout instrumental. La raison en est simple, le texte
n'existe pas encore. Cette version live est antérieure de 6 ans à celle figurant sur "Studio Tan".
Le deuxième mouvement, "The Adventures Of Greggery Peccary: Movement II" nous entraine sur des terres expérimentales avec de la musique contemporaine à la pachydermie ostentatoire. Aux environs de la 4ème minute, le bordel se
construit autour d'un riff hispanisant, façon Boléro de Ravel. A noter que cette partie-là ne se trouve pas sur la version enregistrée sur "Studio Tan". Peu à peu, en passant par une phase groove, le boléro se transforme en jazz qui sied
tout à fait à la formation en place sur scène.
Pendant 2 bonnes minutes, "The Adventures Of Greggery Peccary: Movement III" mixe allègrement partition de musique contemporaine avec cuivres jazzeux. Puis la ligne directrice finalement conservée reste le jazz, pratiqué en solo
par le saxophone, la trompette puis une nuée de cuivres qui s'éloigne comme s'en va la pluie. Un calme inquiétant s'installe pour permettre aux instruments de murmurer. Ce chuchotement perdure jusqu'à la 9ème minute où la guitare
s'autorise une incursion. Puis cette flotte d'instruments vogue tranquillement jusqu'à la toute fin.
Cavalcades et poursuites s'autorisent un départ en accéléré mais très vite, cette ultime section "The Adventures Of Greggery Peccary: Movement IV" part dans des directions contraires, du jazz à la country en passant par la musique
contemporaine. Sur un mode souvent "fanfare" qui peut rappeler la bande-son des films de Kusturica, le morceau saute d'une tendance à l'autre. Après un arrêt brutal, Zappa remercie et souhaite une bonne soirée.
La fin s'annonce avec "Penis Dimension" tiré de "200 motels" dans une version où les cuivres prédominent. Pour terminer et pas encore baptiser "Regyptian Strut" (sur "Sleep Dirt") "Variant I Processional March" procède à la clôture
de ce deuxième disque d'un pas lourd et cuivré.
Un double album étonnant où il nous est donné d'écouter des morceaux pas encore passés en studio. Ceux qui aiment les cuivres vont être servis.
Les fans de rock, décus.