The Road tapes Venue 3 (2016)

The Road Tapes Venue 3 Frank Zappa

Disque 1

1 - Tyrone Start The Tape 1:59
2 - King Kong 3:27
3 - Wonderful Wino 4:47
4 - Concentration Moon 2:34
5 - Mom & Dad 3:25
6 - The Air 3:46
7 - Dog Breath 2:01
8 - Mother People 2:06
9 - You Didn't Try to Call Me 4:10
10 - Agon – Interlude 0:36
11 - Call Any Vegetable 7:59
12 - King Kong/Igor's Boogie 20:25
13 - It Can't Happen Here 3:05
14 - Sharleena 4:59

Disque 2

1 - The 23rd "Mondellos 3:13
2 - Justine 1:46
3 - Pound for a Brown 4:57
4 - Sleeping in a Jar 3:37
5 - Sharleena 5:49
6 - A Piece of Contemporary Music 7:03
7 - The Return of the Hunchback Duke 10:00
8 - Cruising for Burgers 3:44
9 - Let's Make the Water Turn Black 1:42
10 - Harry, You're a Beast 1:29
11 - Oh No/Orange County Lumber Truck 11:01
12 - Call Any Vegetable 11:29
13 - Mondello's Revenge 1:46
14 - The Clap 13:01

Après "The Road Tapes Venue 1" (2012), "The Road Tapes Venue 2" (2013), voici le 3ème volume de la série qui parait en 2016. Ce double opus de 28 morceaux et de plus de 2 heures récapitule deux concerts donnés le 5 juillet 1970 au Tyrone Guthrie Theater de Minneapolis.
Bien que commencé depuis seulement 8 ans, la discographie du Zappa compte déjà 8 albums dans lesquels le moustachu va puiser pour donner ce concert en 1970.

La somme étant importante, passons tout de suite à ce nouveau double-album live du Zappa à moustache.

"Tyrone Start The Tape" prépare le terrain. Mise en place, échauffement de la voix et quelques notes égrenées au Wurlitzer constituent l'essentiel de ces 2 premières minutes. On entre dans le vif du sujet avec "King Kong" un joli jazz libre dont la version studio figure sur "Uncle Meat". Le titre hésite entre jazz et rythm'blues, porté en instrumental par un clavier magique. Malgré un son daté, ce morceau fait son petit effet en début de concert.

Avec un son daté à l'extrême, "Wonderful Wino", qui atterrira plus tard sur "Zoot Allures" permet de survoler un paysage rock dont les reliefs sont prolongés par un beau solo qui ne l'est pas moins. Naive et désuète, "Concentration Moon" est une des premières oeuvres du Zappa avec les Mothers en 1968 ("We're Only in It for the Money"). Courte sur patte, (moins de 3 minutes), elle ne contient que l'essentiel geignard que l'on retrouvait tout au long de ce disque.

Morceau tranquille, "Mom & Dad" calme le jeu avec un titre lent et nostalgique.

Slow fifties avec "The Air", disponible en studio sur "Uncle Meat" avec toujours un son un peu lointain mais aux voix suraigues remarquables.
Paroles incompréhensibles, figures de style fifties, rien ne manque à "Dog Breath" pour faire un joli petit morceau sautillant et agréable à se mettre sous le tympan. Plus psychédélique et plus dans la tendance de ce qui se faisait en 1970, "Mother People" mélange blues et accents plus progressifs. Le titre est un petit régal à consommer sur un peu plus de 2 minutes.

Présent également sur "You Can't Do That on Stage Anymore, Vol. 1", "You Didn't Try to Call Me" garde cet esprit fifties. La basse est profonde, les guitares tranchantes pour une chanson très agréable qui finit en mode cavalcade. Un court interlude ("Agon") dont la trentaine de secondes est attribuée à Stravinsky puis enfin un long titre prometteur.
Attaque frontale avec "Call Any Vegetable". A la précipitation du début suit un calme tout relatif où les styles s'enchainent. Rock, slow, fifties, tout y passe. Plus morceau fourre-tout qu'autre chose, le titre emprunté à "Absolutely Free" quadruple quasiment sa longueur en passant de deux minutes et quelques à huit. Distribution de solo, surtout à la fin, où le rythm'n blues sert de support efficace à la six-cordes. Final dessin animé pour parfaire le tout.

Et de deux pour le prix d'un. Rassemblé en un long dyptique, "King Kong/Igor's Boogie" dont la première moitié provient d'"Uncle Meat" et la seconde de "Burnt Weeny Sandwich", débute dans une mer de jazz. Le saxo s'installe dès la 5 ème minute. La batterie prend le relais à l'aube de la 9 ème minute puis laisse revenir la guitare dans une démarche plus rock que jazz. De rock, la musique prend ensuite des couleurs boogie. De loin, c'est la partie clavier qui reste la plus intéressante, avec sa virtuosité hors norme. Ce long titre se termine sur des interventions vocales pas vraiment nécessaires.

Après cette déferlante musicale, revenons à des titres plus courts comme "It Can't Happen Here" qui figure en premier sur "Freak Out". Le morceau dans son entier n'est qu'une grande blague entre musiciens. Une seule tentative d'approche guitaristique se fait entendre. Ca parle, çà rigole mais çà fait pas de musique.
Comme sur "Chunga's Revenge", "Sharleena" se traine un peu mais affiche néanmoins quelques belles percées rock. En mode mid-tempo, le titre trouve une seconde jeunesse à mi-parcours et part à la conquête du public. Mission réussie.

Pour ouvrir le second CD, "The 23rd "Mondellos"" prend son temps pour démarrer puis finalement ne démarre pas. Zappa présente sa formation, chacun s'appelant "Mondello", histoire de faire rire le public.
"Justine" secoue le cocotier avec un rock furieux ramassé sur moins de deux minutes, puis le groupe entame "Pound for a Brown" présent aussi sur "Zappa in New-York". Bel instrumental qui donne la parole à la guitare en priorité. Ce titre est suivi sans interruption aucune par "Sleeping in a Jar", intrumental très curieux au final qui cultive la patience.

Rythme tranquille et nonchalance sur ce "Sharleena" seconde mouture qui joue les prolongations par rapport à la première figurant sur le premier CD. Cette seconde version reste tout aussi plaisante que la première. Zappa commence par faire marrer son public puis le saxo démarre le truc. Un rock venu de nulle part déboule au milieu des plaintes chaudes de l'instrument cuivré. Puis un court extrait de musique classique chasse l'ensemble. Enfin, un déluge de percussions noie la musique sous des averses de voix. Zappa reprend la parole pour clore le morceau.

"The Return of the Hunchback Duke" prend une forme pop voire rock progressive. Cet aspect-là est amené par un chant à la limite du grandiloquent. Cette grande pièce classique s'écoute sans ennui, même si elle n'évite pas parfois quelques longueurs ou passages monotones. Le final pourrait faire croire à un morceau de Genesis sur un de ses premiers disques.

Plus longue sur "Uncle Meat", "Cruising for Burgers" arrange pop et rock survolé par des voix suraigues. La dernière minute est consacrée aux applaudissements du public et aux interventions des musiciens présents sur scène. On retrouvera "Let's Make the Water Turn Black" bien plus tard sur un disque live "Make a jazz noise here". Le morceau restitue l'ambiance des années 50 sur un peu moins de 2 minutes de liesse candide, inhérente à cette époque.

Court sur patte et truculent, "Harry, You're a Beast" fait courir sa petite joie de vivre pendant une petite minute et demi avant de laisser sa place au long dyptique "Oh No/Orange County Lumber Truck". Après quelques paroles haut perchées, le titre se lance sur une voie instrumentale. Reprise du texte puis vers la 6ème minute, nous avons droit à la seconde partie du morceau. Percussions, puis le titre reprend son histoire sans parole avant un final dantesque.

Quelques échanges avec le public, puis c'est "Call Any Vegetable" qui démarre. Joli blues tour à tour nonchalant et véloce, l'ensemble reste agréable à écouter. Au début de la quatrième minute, le morceau vire instrumental avec une première expression au clavier. Le saxo prend le relais à la 6 ème minute puis reprise vocale à la 9 ème minute pour clore le débat.

Petit monologue sur "Mondello's Revenge" sous les rires du public et enfin, la dernière pièce du disque, l'immense "The Clap". Gros accords de rock suivi d'un fin lignage pop puis l'instrumental prend un chemin blues. Initialement enregistré sur "Chunga's Revenge" (où il durait d'ailleurs juste un peu plus d'une minute), ce grand blues passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Le saxo prend les devants pour ne plus les lâcher. Pour finir, le titre revient sur les solides accords de départ, avant de s'évanouir.

Un album qui réunit de jolis morceaux au final. Assez souvent le rock domine, même si le son laisse parfois à désirer et semble avoir été capté au fond de la salle avec un magnétophone. Un live à rajouter à la collection déjà conséquente du moustachu.