Philly'76 (2009)

Philly'76 frank zappa

Disque 1

1 - The Purple Lagoon 3:35
2 - Stink-Foot 5:52
3 - Poodle Lecture 3:48
4 - Dirty Love 3:37
5 - Wind Up Workin' In A Gas Station 2:32
6 - Tryin' To Grow A Chin 4:01
7 - The Torture Never Stops 13:31
8 - City Of Tiny Lites 7:47
9 - You Didn't Try To Call Me 6:32
10 - Manx Needs Women 1:44
11 - Chrissy Puked Twice 6:42

Disque 2

1 - Black Napkins 18:57
2 - Advance Romance 13:56
3 - Honey, Don't You Want A Man Like Me ? 4:09
4 - Rudy Wants To Buy Yez A Drink 2:20
5 - Would You Go All The Way ? 2:04
6 - Daddy Daddy Daddy 2:05
7 - What Kind Of Girl Do You Think We Are ? 4:55
8 - Dinah-Moe Humm 8:09
9 - Stranded In The Jungle 3:10
10 - Find Her Finer 3:17
11- Camarillo Brillo 4:03
12 - Muffin Man 6:54

En 1976, le 29 octobre, Frank Zappa donnait un concert au Spectrum Theater à Philadelphie. "Philly '76", paru en 2009 revient sur ce show en compilant l'intégralité du spectacle sur deux disques.
Le groupe est en formation ramassée de 6 musiciens :

Frank Zappa : guitare, voix
Terry Bozzio : batterie, voix
Ray White : guitare, voix, cloche
Patrick O'Hearn : basse, voix
Eddie Jobson : claviers, violon
Bianca Odin : clavier, voix

Ouverture avec "The Purple Lagoon" et la mise en place des instruments. Cet échauffement un poil répétitif et peu captivant sert surtout à dire bonjour au public et à présenter le groupe. Le blues de "Stink-Foot" est un véritable tiroir à surprises. Assez classique en ouverture, le titre intègre à mi-parcours une partie psychédélique avant de lâcher un solo de guitare bien roots. Le blues continue sur "Poodle Lecture" pendant que Zappa débite un texte. Exercice intéressant pour ceux qui manient la langue de Shakespeare avec facilité, un peu monotone pour les autres.

Bon rock des familles mâtiné de soul, "Dirty Love", en provenance directe de "Over-Nite Sensation" marque aussi des points avec un titre à la structure classique mais efficace.
A noter, la présence de Bianca Odin derrière le micro-chant.

Tournure soul pour "Wind Up Workin' In A Gas Station" ("Zoot Allures") avec toujours Bianca Odin qui partage cette fois-ci le chant avec Zappa puis "Tryin' To Grow A Chin" sorti de "Sheik Yerbouti" en mode hyper rapide mais audible. Faux final puis reprise avec une dose supplémentaire de testostérone pour une minute de plus.

Grand classique du Zappa "The Torture Never Stops" allonge sa démarche pataude sur un blues détendu. Après deux couplets, la guitare prend le micro pour un court solo, puis un peu plus tard encore. Amusons-nous un peu. Où peut-en encore entendre "The Torture Never Stops" ? Citons quelques exemples : "Zoot Allures" en version studio, "You Can't Do That On Stage Anymore vol 1", "The Best Band You Never Heard In Your Life", "You Can't Do That On Stage Anymore vol 4", "FZ:OZ", "Buffalo", "Hammersmith Odeon"... autant de possibilités de réécouter ce monument du blues.

Passons maintenant au rythm'n blues le plus pur avec un "City Of Tiny Lites" de derrière les fagots. Déjà présent sur "Make jazz noise here", ce magnifique morceau est une brillante démonstration qui prouve une fois de plus le niveau des musiciens en présence. Le genre de titre qui peut éventuellement motiver l'achat de ce double CD.

Remontons aux balbutiements de Zappa, jusqu'à "Freak Out" pour trouver l'origine de "You Didn't Try To Call Me" étiré ici à plus du double du temps initial. La soul chantée par Bianca Odin se pare de reggae dès qu'elle en a la possibilité. Plaisant et catchy.

Petit interlude instrumental avec un synthé moche sur "Manx Needs Women" tout droit sorti de "Zappa in New-York" puis un grand morceau pour conclure cette première rondelle. "Chrissy Puked Twice" termine ce premier CD avec énergie.

Pour débuter élégamment ce second tome, Zappa enquille l'immense "Black Napkins" que l'on retrouve aussi sur un grand nombre de live ("You Can't Do That On Stage Anymore vol 6", "Frank Zappa Plays the Music of Frank Zappa : A Memorial Tribute"...). Cette version-là débute avec des vocalises de Bianca Odin qui occupe décidément une place prépondérante dans ce spectacle. Solo de violon au bout de minutes, puis la guitare entre en scène. Le blues lent s'étirant sur près de 19 minutes, tout loisir est donné pour apprécier la montée en puissance de la chose.

Suit un autre grand titre du répertoire abyssal de Zappa, "Advance Romance" déjà en live sur "Bongo Fury". Encore une fois, c'est Bianca Odin qui se colle au chant, partagé néanmoins avec le moustachu. Blues et re-blues, "Advance Romance" semble toujours improvisé sur le moment. Là où il y avait un solo d'harmonica sur la version de "Bongo Fury" en 1975, on trouve là un solo de basse. Suit l'inévitable solo de guitare ébouriffant au delà de la 6 ème minute. Reprise du chant à l'aube de la 12ème minute, puis final.

Titre un peu bordélique, "Honey, Don't You Want A Man Like Me ?" plus proche du Zappa que l'on connait puis le rigolo "Rudy Wants To Buy Yez A Drink" disponible à l'origine sur "Chunga's Revenge", histoire de faire revivre le charme désuet des fifties. "Would You Go All The Way ?" exhumé du même album vire rock avec la participation de Bianca Odin au chant qui vient prêter main forte au moustachu.

Un petit détour par "200 motels" pour retrouver le court "Daddy Daddy Daddy" chanté à plusieurs façon comédie musicale puis "What Kind Of Girl Do You Think We Are ?" que l'on trouvera aussi sur "Fillmore East - June 1971".

Bianca Odin prête main-forte sur ce blues tout ce qu'il y a de plus traditionnel. Exhumé de "Overnite Sensation", le rythm'n blues de "Dinah-Moe Humm" fait fureur. La partie basse/ batterie pendant le laius de Zappa est un vrai régal. Toutefois, le titre garde une bonne part de crétinerie mais les musiciens assurent et l'exécution de l'ensemble prime sur le reste finalement. Une reprise de The Cadets avec le sautillant "Stranded In The Jungle" à la fin duquel Zappa annonce le titre suivant "Find Her Finer" qui se verra couper la fin par l'antépénultième titre de ce second CD. Une petite épopée pop (toujours sympa de placer celle-là...) avec "Camarillo Brillo" et une jolie partie soul qui s'installe à mi-parcours.

Pour conclure, "Muffin Man" belle pièce rock allonge un beau solo après lequel Zappa tente même de faire chanter le public.
Très beau live avec tout ce qu'il faut pour réjouir des oreilles exigeantes en terme de bonne musique.
Zappa puise un peu dans tous les albums parus avant pour nous délivrer de belles covers servies par des musiciens exemplaires.

Joie et bonheur donc.