Mudd Club/Munich'80 (2022)

Mudd Club/Munich '80 frank zappa

Disque 1 Mudd Club - New York, NY - May 8th, 1980

1 - Mudd Club Show Start 1:02
2 - Chunga’s Revenge 4:03
3 - Keep It Greasy 3:03
4 - Outside Now 5:54
5 - City Of Tiny Lites 6:38
6 - Pound For A Brown 3:45
7 - You Are What You Is 3:46
8 - You Didn't Try To Call Me 3:45
9 - I Ain't Got No Heart 2:06
10 - Love Of My Life 2:11
11 - Easy Meat 7:25
12 - Mudd Club 3:34
13 - The Meek Shall Inherit Nothing 3:14
14 - Joe's Garage 2:25
15 - Why Does It Hurt When I Pee ? 3:46

Disque 2 Olympiahalle - Munich, Germany - July 3rd, 1980

1 - Munich ’80 Show Start 00:55
2 - Chunga’s Revenge 7:14
3 - Keep It Greasy 3:08
4 - Pick Me, I’m Clean 6:45
5 - City Of Tiny Lites 9:11
6 - Pound For A Brown 13:33
7 - Cosmik Debris 4:11
8 - You Didn’t Try To Call Me 3:39
9 - I Ain’t Got No Heart 2:01
10 - Love Of My Life 1:55
11 - You Are What You Is 3:22

Disque 3 Olympiahalle - Munich, Germany - July 3rd, 1980

1 - Easy Meat 11:02
2 - Mudd Club 3:08
3 - The Meek Shall Inherit Nothing 3:07
4 - Joe’s Garage 2:19
5 - Why Does It Hurt When I Pee ? 3:15
6 - Dancin’ Fool 3:32
7 - Bobby Brown Goes Down 2:40
8 - Ms. Pinky 3:48
9 - Stick It Out 5:30
10 - Nite Owl 2:20
11 - The Illinois Enema Bandit 10:20

Deux lives pour le prix d'un.
En 1980, Zappa sortait du succès de "Sheik Yerbouti" et de "Joe's Garage" parus en 1979 qui ont tous les deux cartonnés dans les ventes.
Nous nous trouvons un peu avant l'arrivée de Steve Vaï dans la formation.
Pour donner un aperçu de la formation d'alors en live, Zappa tourne aussi bien dans les petites salles que dans les stades.
Ce double live répartit sur 3 disques réunit deux shows, le premier donné au Mudd Club à New-York (capacité de 240 places) le 8 mai 1980 et le second dans un stade à Munich le 3 juillet 1980 et pouvant accueillir 20 000 spectateurs.
Différence de son et de ton et surtout d'ambiance à découvrir en suivant.

Disque 1

Après une courte intro sur "Mudd Club Show Start" où les instruments s'accordent, Zappa annonce d'une voix douce le premier titre du concert, "Chunga’s Revenge" issu de "l'album du même nom". De la douceur pour débuter ce concert avec une ambiance feutrée et une guitare solo en demi-teinte. Il faut attendre "Keep It Greasy" pour que les choses se précipitent, que la musique s'énerve un peu. Ce titre au groove rapide séduit d'emblée avec sa belle maitrise des éléments. La tension retombe ensuite avec "Outside Now", morceau lent traversé d'éclairs guitaristiques surpuissants, aux sonorités quasi métal. Le solo s'étire sur plusieurs minutes avant de reprendre la litanie soul du début.

Enchainement sans transition avec "City Of Tiny Lites", au funk bien agressif. Aujourd'hui, les traits de claviers qui s'élèvent en arrière plan paraissent vraiment datés. Mais c'est la bien la seule chose qui parait ancienne dans ce titre tant il pourrait avoir été composé en 2023 et pas en 1979.
La musique de Zappa fait aussi paraitre la musique intemporelle.

Après, nous avons droit à "Pound For A Brown", à retrouver aussi sur "Zappa in New York". Jazz complexe et ingénieux, cet instrumental libère aussi d'anciennes sonorités de claviers qui donnent un aspect glacé à l'ensemble.
Encore inédit à l'époque, le disco répétitif de "You Are What You Is" atterrira sur l'album du même nom. Le clip qui sera alors diffusé sur MTV, parodiant Ronald Reagan, fera polémique. Plus rare en live, "You Didn't Try To Call Me" issu de "Cruising with Ruben and the Jets" qui fleure bon les sixties tranquilles.

Un petit essai reggae pour terminer la chose avant de basculer directement sur "I Ain't Got No Heart" sorti du premier opus "Freak Out !", coloré et sautillant, puis un autre titre court "Love Of My Life", un slow sixties en bonne et due forme, un "classique réarrangé sans saveur" dixit les critiques.

On passera sur les sons datés des synthés de "Easy Meat" qui intégrera la liste des morceaux retenus pour "Tinseltown Rebellion" à paraitre en 1981 pour ne garder que l'excellentissime solo du moustachu. La reprise du thème s'effectue une petite minute avant la fin du titre.

Le reggae de "Mudd Club" célèbre la boite de nuit préférée du Zappa, qui lui rend hommage au travers de cette petite chose répétitive mais à laquelle on devient rapidement addict.
Continuons avec "The Meek Shall Inherit Nothing" qui pourrait faire office de générique de sitcom avec un soupçon de gospel puis "Joe's Garage" dans une ambiance assez scolaire.
Pour terminer ce concert à l'ambiance intimiste, "Why Does It Hurt When I Pee ?" affiche encore d'anciens synthés dans un titre assez rock et qui fait autant son effet que sur "Joe's Garage", où il faisait office de conclusion du premier disque.
Le public restreint facilite la proximité que Zappa n'entretient pas forcément.
On aurait attendu de sa part plus de dialogues avec le public.
Néanmoins, les morceaux sont servis chauds, dans une ambiance où la musique s'écoute plus qu'elle ne se fête.

Disque 2

Embrayage avec "Munich ’80 Show Start", juste pour prendre conscience de la foule qui constitue le public. "Chunga’s Revenge" est accueilli avec une belle clameur. Nous avons affaire à des connaisseurs. L'intro passée, Zappa entame son solo. Beau son, belle présence. Durant les 30 dernières secondes, Zappa présente ses musiciens, soutenu par la litanie du morceau.

"Keep It Greasy" sonne comme jamais dans ce stade munichois. Plus que sur le titre précédent, le son apparait très grand, un contraste évident comparé aux murs du Mudd Club New-Yorkais.
"Pick Me, I’m Clean" issu de "Tinseltown Rebellion" paru en 1981, continue à tirer son épingle du jeu grâce à ce fabuleux solo qui occupe une bonne moitié du titre. Après un beau final à la dernière note précieuse, le groupe enquille une longue plage de près de 10 minutes, "City Of Tiny Lites" dont le funk brûlant met le feu d'entrée de jeu sur la scène de l'Olympiahalle de Munich. Un peu avant la troisème minute, le funk mute en salsa et Zappa en profite pour aligner un solo rock dont il a le secret. Comme à l'accoutumée, le groupe fait perdurer les choses le plus longtemps possible jusqu'à la chute finale vers un autre monument, "Pound For A Brown", extension magistrale de la version d'à peine 4 minutes du premier disque. Cet instrumental jazzy qui tire souvent vers le rock permet à chacun de s'exprimer largement, avec un terrain de jeu de plus de 13 minutes à disposition.

Le bon vieux blues-rock de "Cosmik Debris" tout droit sorti de "Apostrophe" donne toujours un bel aperçu de la facette la plus "abordable" du Zappa. Les claviers tonitruants donnent même une belle couleur à l'ensemble. Suit dans cette enfilade de morceaux courts "You Didn’t Try To Call Me" extrait de "Freak Out" qui a subi un petit lifting au niveau arrangement. La fin reggae fait la bascule pour atterrir sur "I Ain’t Got No Heart", dont les claviers imitent bien les trompettes d'un cirque romain pris au hasard dans l'Antiquité.

Avant de sonner la fin des hostilités, le groupe balance encore sa petite ritournelle doo-woop "Love Of My Life" qui précède donc le dernier titre de cette deuxième rondelle, "You Are What You Is", déjà entendue sur le précédent disque.

Sur le troisième CD, le show donné au stade à Munich se poursuit.

Disque 3

On retrouve avec plaisir "Easy Meat" dans une version plus longue que celle du premier tome. Les sons de synthés vieillots passent mieux dans un stade que dans un club semble-t-il. L'arrivée jusqu'au solo du moustachu se fait sous les applaudissements de l'assistance, chahutée par les montagnes russes du break qui le prècède. Le solo. Celui-ci décroche bien vite de la tonalité de base pour s'aventurer ailleurs. La reprise du thème s'opère une minute avant le final.
Toujours aussi accrocheur, "Mudd Club" revient faire un petit tour de piste avec son reggae empli de soleil, puis "The Meek Shall Inherit Nothing" prend la suite et offre sa nonchalance coûtumière au public de Munich.
Puis le final pique du nez dans la gamme pour se retrouver sur l'extrait de "Joe’s Garage", toujours aussi coloré et plaisant à écouter.
La liste des titres déjà entendus s'achève avec "Why Does It Hurt When I Pee ?" puis Zappa dit "Goodnight", puis revient pour ce qui semble être le rappel. Pour cette ultime partie, "Dancin’ Fool" illumine la scène du Olympiahalle de Munich avec son refrain catchy et ses multiples facettes stylistiques. Suit un petit extrait de "Sheik Yerbouti" avec la ballade "Bobby Brown Goes Down" à l'ambiance fifties mais survolée par des claviers récents, pour l'époque.

Très belle pièce bien rythmée avec "Ms.Pinky" sorti de "Zoot Allures". Zappa en profite à mi-parcours pour présenter ses musiciens. Les applaudissements nourris qui suivent montrent bien la multitude que constitue le public du Olympiahalle de Munich. "Stick It Out" envoie du lourd avec une belle pièce rock issue de "Joe's Garage". Le morceau stoppe au bout de 4 minutes, laissant la place aux applaudissements d'un public visiblement satisfait de la prestation.

Avant de se quitter, une petite reprise reggae "Nite Owl" (Tony Allen & The Champs (1955)) puis une grande pièce pour terminer, "The Illinois Enema Bandit", à entendre aussi sur "You Can't Do That on Stage Anymore, Vol. 6".
Ce blues terreux aux breaks improbables envoie du lourd avec un Zappa aux manettes d'un solo ravageur.
Beau final pour cette série de concert à New-York et à Munich, captés dans des conditions de public différentes.

Des dizaines d'enregistrements comme celui-ci nous attendent encore sûrement.