FZ:OZ (2002)

FZ:OZ frank zappa

Disque 1

1 - Hordern Intro (Incan Art Vamp) 3:11
2 - Stink-Foot 6:35
3 - The Poodle Lecture 3:06
4 - Dirty Love 3:13
5 - Filthy Habits 6:18
6 - How Could I Be Such A Fool 3:27
7 - I Ain't Got No Heart 2:26
8 - I'm Not Satisfied 1:54
9 - Black Napkins 11:57
10 - Advance Romance 11:16
11 - The Illinois Enema Bandit 8:46
12 - Wind Up Workin' In a Gas Station 4:14
13 - The Torture Never Stops 7:08

Disque 2

1 - Canard Toujours 3:22
2 - Kaiser Rolls 3:17
3 - Find Her Finer 3:48
4 - Carolina Hard-Core Ecstasy 6:12
5 - Lonely Little Girl 2:39
6 - Take Your Clothes Off When You Dance 2:02
7 - What's The Ugliest Part Of Your Body 1:07
8 - Chunga's Revenge 15:41
9 - Zoot Allures 12:50
10 - Keep It Greasy 4:40
11 - Dinah-Moe Humm 6:53
12 - Camarillo Brillo 3:58
13 - Muffin Man 3:41
14 - Kaiser Rolls (du Jour) 3:01

25 ans après un concert (à Sydney le 20 janvier 1976) donné par Zappa père (Frank), Zappa fils (Dweezil) produit la chose et la publie en 2002 sous le nom de "FZ:OZ". Avec une formation resserrée (5 musiciens + Zappa), le chef moustachu nous délivre une trentaine de morceaux pendant près de 150 minutes.
Le concert est reproduit fidèlement tel qu'il s'est passé à l'époque. Ici, pas d'incrustations en studio ou de bricolage pour remplacer un solo par un autre. La configuration restreinte du groupe accompagnant Zappa donne une nouvelle dynamique et ambiance aux titres revisités sur ces deux galettes.

Tout commence avec "Hordern Intro (Incan Art Vamp)", une intro qui permet de chauffer les instruments, chacun y allant de sa rumeur malsaine. A mi-parcours, batterie et basse font leur entrée et donnent une couleur psychédélique à l'ensemble. Après un petit discours d'entrée de Zappa, le groupe passe sur "Stink-Foot" emprunté à "Apostrophe". Blues psyché/déjanté, "Stink-Foot" est un mini bordel savamment organisé qui s'autorise parfois de vrais morceaux de bravoure comme le solo exécuté par Zappa sur la seconde partie.

En respectable Mr Loyal, Zappa nous débite "The Poodle Lecture" en ayant l'air d'y croire, suivi par le groupe en mode boucle blues bloqué. Solide rock à la puissance mesuré, "Dirty Love" sonne à l'ancienne, y compris le solo de guitare. Un bon morceau à se mettre sous la dent.

Sorti de "Sleep Dirt", "Filthy Habits" joue de la noirceur avec un jazz-rock endeuillé. D'inspiration orientale, le solo se taille la part du lion avec une occupation du temps et de l'espace notable. Ballade au son approximatif, "How Could I Be Such A Fool" est un morceau très agréable qui parvient à cumuler plusieurs ambiances en moins de 4 minutes.
La durée des titres va en chutant avec le rock libéré "I Ain't Got No Heart" façon The Who ou d'inspiration hendrixienne au choix, puis "I'm Not Satisfied" tout en mouvements rapides. Le blues de "Black Napkins" inonde les enceintes. Cet instrumental qui tient sur deux accords donne la parole libre et entière à la guitare du moustachu. Présent sur "Zoot Allures" mais aussi sur une poignée de live, "A Memorial Tribute" ou encore "You can't do that on stage anymore Vol 6", "Black Napkins" fait partie des grands classiques décliné ici dans une version de près de 12 minutes. Puisque nous sommes dans les grands titres, restons-y avec "Advance Romance". La plupart du temps instrumental, ce morceau est un échange de bons procédés entre guitare et clavier en veine de solis. Agréable et varié, ce "Advance Romance" reste un bon moment de cette première rondelle.

Après 3 minutes de présentation, le groupe entame "The Illinois Enema Bandit". Rythm'n blues un peu fatigué, "The Illinois Enema Bandit" se trouve aussi sur "Zappa in New-York" dans une version à peu près similaire. On trouve ensuite un "Wind Up Workin' In a Gas Station" très soul ou l'échange des voix est omniprésent. Le morceau tarde à démarrer, pour finalement péter les plombs une minute avant la fin. Néanmoins un style rarement abordé par Zappa mais qui sonne de belle façon.

Doit-on encore présenter "The Torture Never Stops" ? Ce titre emblématique du moustachu figure déjà sur une dizaine d'albums comme "Zappa in New York", "Thing-Fish", "You Can't Do That on Stage Anymore, Vol. 1" ou encore "The Best Band You Never Heard in Your Life" et autre "Buffalo". Cette version plus courte, (7 minutes contre 15 sur "You Can't Do That on Stage Anymore, Vol. 1") allonge le pas d'un blues fatigué.

Retour aux hostilités jazz-rock avec "Canard Toujours". Ce bel instrumental montre un groupe puissant, en symbiose totale, qui affiche un plaisir de jouer qui se ressent dans chaque note. D'inspiration sixties, "Kaiser Rolls" évoque le surf des Beach Boys tandis que "Find Her Finer" joue la carte de la nonchalance. Disponible sur "Bongo Fury", "Carolina Hard-Core Ecstasy" nous emmène quelque part mais on ne sait pas où. Relativement indéfinissable, le morceau reste aussi monotone que dans sa version studio. Le solo est de loin la partie la plus charnue et consistante de ce titre un poil fadasse. "Lonely Little Girl", très rock, relève le niveau avec un beau final, puis le reggae de "Take Your Clothes Off When You Dance" (présent aussi sur "You Can't Do That on Stage Anymore, Vol. 6") décore la scène aux couleurs de la Jamaïque.

Avant d'attaquer les gros morceaux, "What's The Ugliest Part Of Your Body" laisse trainer son jazz fatigué sur une toute petite minute. Avec un timing multiplié par 4 en regard du morceau original, "Chunga's Revenge" distille le talent du groupe dans une belle débauche d'effets de style tous plus imparables les uns que les autres.
Même traitement pour "Zoot Allures" qui voit aussi sa durée multipliée par 4. La magie opère toujours sur ce titre repris aussi sur "You Can't Do That on Stage Anymore Vol 3", "The Best Band You Never Heard in Your Life" ou encore "Frank Zappa Plays the Music of Frank Zappa : A Memorial Tribute".

"Keep It Greasy" fait tourner une soul cuivrée arrangée au cordeau. Chanté à plusieurs le morceau n'en finit pas de finir avec un Zappa qui dit au revoir à son public. On ressent bien la fin de concert avant de reprendre sur "Dinah-Moe Humm" extrait de "Over-Nite sensation". Moins nonchalant que sur l'album studio, la chanson bénéficie au contraire de plusieurs périodes qui la rende vivante à souhait, entre funk et pop, rock et ryhm'nblues.

Présent aussi sur "You Can't Do That on Stage Anymore, Vol. 6", "Camarillo Brillo" propose un rythm'n blues rapide en empruntant de ci de là des influences diverses (par exemple Carlos Santana). Mais bientôt la fin se profile avec "Muffin Man" issu de "Bongo Fury" et aux résonances très rock. Après ce bel ouvrage tricoté à l'ancienne la seconde galette se termine avec "Kaiser Rolls (du Jour)" au son plus que daté.

Le son de quelques morceaux reste approximatif. A la différence de biens d'autres compilations de Zappa, on trouve peu de morceaux "barrés" mais de vrais titres joués à l'ancienne avec une formation restreinte mais solide. C'est cette authenticité qui fait tout le charme de "FZ:OZ" et un opus pas uniquement destiné aux complétistes.