Frank Zappa Meets the Mothers of Prevention (1985)
2 - One Man, One Vote 2:35
3 - Little Beige Sambo 3:02
4 - Aerobics in Bondage 3:17
5 - We're Turning Again 4:55
6 - Alien Orifice 4:12
7 - Yo Cats 3:35
8 - What's New in Baltimore ? 5:25
9 - Porn Wars 12:05
10 - H.R. 2911 3:35
"Frank Zappa Meets the Mothers of Prevention" sort en 1985. Il existe deux versions vinyles de ce disque. La première, la version US, comporte 7 titres. La seconde est appelée version Europe et est augmentée de 2 titres.
Lors de la réédition de 1995, le CD affiche 10 morceaux. C'est cette version que nous allons chroniquer aujourd'hui.
Parmi les musiciens cités sur la pochette, un petit nouveau, le guitariste Steve Vai qui trouvait là l'un de ses premiers emplois.
Déjà dans le colimateur de la très respectable (sic) "Parents Music Resource Center" (les gens qui collent des stickers "Parental Advisory Explicit Lyrics" sur les pochettes de disques...) avec son album "Sheik Yerbouti", Zappa
décide cette fois-ci de foncer dans le tas avec un véritable pamphlet contre l'Amérique bien-pensante, celle dont il s'est fait l'ennemi juré et avoué.
Avec "Frank Zappa Meets the Mothers of Prevention" il bouscule à nouveau le politiquement correct à l'aide de morceaux aux titres ouvertement provoquants ("Aerobics in Bondage", "Alien Orifice"...).
Il prend soin également d'exécuter quelques titres instrumentaux, ("One Man/One Vote" et "Porn Wars") qui, pour le coup dépourvus de paroles, ne pourront pas être incriminés par la mention "Parental Advisory Explicit Lyrics".
Blues-rock, "I Don't Even Care" ondule dans un groove direct et rassurant. Très redondant et pas très imaginatif, le titre met les voix en avant et laisse le reste mouliner à l'arrière dans un effort un peu vain.
Orientée jazz-rock, "One Man, One Vote" est un instrumental qui se perd très vite dans des gesticulations vibraphoniesques exécutées au Synclavier que Zappa affectionne tout particulièrement.
L'ambiance dégagée par l'ensemble fait un peu datée.
Toujours avec ces sonorités de vibraphone électronique, Zappa envoie un morceau injouable pour un être humain "Little Beige Sambo" qui, avec une fraicheur qui confine à la glaciation, montre toutes les possibilités techniques
d'un instrument, le Synclavier, qui déshumanise complètement la musique.
La performance est tout de même intéressante.
"Aerobics in Bondage", toujours en mode instrumental, égrène des notes comme des chapelets tripatouillés au petit bonheur dans un jazz-rock à la mise en place rigoureuse.
Reprise du chant sur "We're Turning Again", un joli morceau ironique et impertinent rempli de voix du même acabit. Avec un titre comme "Alien Orifice", Zappa s'attire à nouveau les foudres de la communauté bien-pensante
au cours d'un morceau instrumental jazz moderne aux sonorités qui ne le sont pas moins.
Toujours jazz, "Yo Cats" sollicite à nouveau le Synclavier dans un titre chanté dans la plus pure tradition puis "What's New in Baltimore ?" râtisse large, entre jazz-rock et rock dur en fin de parcours avec un solo du Zappa
qui semble bel et bien surgir hors de la nuit.
"Porn Wars" est un bricolage/collage de discours, de bruitages et de tentatives avortées qui relient le titre à la musique contemporaine, difficile d'accès pour certains ou simplement chiantissime pour une bonne poignée d'autres.
"H.R. 2911" referme cet album avec un instrumental sombre et glauque aux cordes vibrantes de cauchemars et aux cuivres éructants.
Un curieux album qu'on ne peut pas qualifier de moyen, bien qu'aucun morceau ne soulève d'enthousiasme général.
De facture très expérimentale, il sera sans doute superbement ignoré des fans de la frange plus rock du Zappa.