Everything Is Healing Nicely (1999)

Everything Is Healing Nicely Frank Zappa

1 - Librairy Card 7:22
2 - This Is A Test 1:35
3 - Jolly Good Fellow 4:34
4 - Roland's Big Event/Strat Vindaloo 5:56
5 - Master Ringo 3:35
6 - T'Mershi Deween 2:30
7 - Nap Time 8:02
8 - 9/8 Objects 3:06
9 - Naked City 8:42
10 - Whitey (Prototype) 1:12
11 - Amnerika Goes Home 3:00
12 - None Of The Above (Revised & Previsited) 8:38
13 - Wonderful Tattoo ! 10:01

Album posthume, "Everything Is Healing Nicely" parait en 1999. Il est enregistré par une formation allemande de musique de chambre appelée L'Ensemble Modern. Composé d'une vingtaine de musiciens, l'Ensemble Modern reprend indifféremment des extraits du répertoire moderne ou classique. Cette formation existe depuis 1980 et est basée à Francfort. Les morceaux de "Everything Is Healing Nicely" proviennent des sessions d'enregistrements de "The Yellow Shark" paru en 1993.

Comme un morceau destiné à faire la balance, "Librairy Card" se lance timidement, au milieu des discussions des hommes et des instruments. Les cordes vibrent comme une nuée de sauterelles et le piano fait des ronds dans l'eau. Très court "This Is A Test", sonne comme la balade du joueur de flûte de Hamelin qui convoya les rats en dehors de la ville, puis "Jolly Good Fellow" qui cultive une ambiance courtoisement jazzy. Deux morceaux en un pour le dyptique "Roland's Big Event/Strat Vindaloo". L'ensemble est très calme et capte de temps à autre des effluves de Gershwin devenu oriental. "Master Ringo" pourrait s'apparenter à de la musique parlée, avec une voix déclamant des textes avec des frottements de violons en fond sonore. On touche le fin fond de la musique contemporaine, de celle que l'on aborde que très difficilement.

"T'Mershi Deween" virevolte dans un bal folklorique aux airs de fanfare bizarroïde puis c'est autour de "Nap Time" d'abaisser sa garde et de livrer une musique quasiment silencieuse, qui tient plus du murmure que de la joie bruitiste. En mode oriental, "9/8 Objects" glisse comme un éther puis est relayé par "Naked City", longue suite à la guitare classique nébuleuse, sertie de cuivres comme autant de menaces. L'ensemble est sinueux, guidé par une clarinette fantomatique et tremblotante. L'ensemble évoque un paysage gothique en noir et blanc fait de morts qui marchent.

Egrenant les secondes en toute fatalité, "Whitey (Prototype)" fait du picking sur violon avant de passer à "Amnerika Goes Home" d'inspiration gothique. Frimas de cordes sur "None Of The Above (Revised & Previsited)" et ambiance mortifère. Les silences plombent l'atmosphère qui se fait lourde et étouffante. La fin est montrée en pointillé, avec des sursauts qui mènent tout droit vers le néant.

Accueilli par un mugissement, "Wonderful Tattoo !" va osciller entre un discours tendu sur une musique de fond qui procède par touches successives. L'ensemble ronronne puis fini dans un soupir aux abords des derniers sillons.

De la musique contemporaine ni plus ni moins. Si beaucoup n'aiment que très peu cette frange du talent du moustachu, force est de constater que la qualité est au rendez-vous avec des compositions ambitieuses et qui peuvent interpeller le néophyte.

A essayer.