Buffalo (2007)

Buffalo Frank Zappa

Disque 1

1 - Chunga's Revenge 8:34
2 - You Are What You Is 4:12
3 - Mudd Club 3:02
4 - The Meek Shall Inherit Nothing 3:21
5 - Cosmik Debris 3:50
6 - Keep It Greasy 2:58
7 - Tinsel Town Rebellion 4:19
8 - Buffalo Drowning Witch 2:44
9 - Honey, Don't You Want A Man Like Me ? 4:36
10 - Pick Me, I'm Clean 10:15
11 - Dead Girls Of London 3:02
12 - Shall We Take Ourselves Seriously ? 1:36
13 - City Of Tiny Lites 9:58

Disque 2

1 - Easy Meat 9:26
2 - Ain't Got No Heart 2:00
3 - The Torture Never Stops 23:36
4 - Broken Hearts Are For Assholes 3:39
5 - I'm So Cute 1:38
6 - Andy 8:14
7 - Joe's Garage 2:12
8 - Dancing Fool 3:36
9 - The Real World Thematic Extrapolations 8:53
10 - Stick It Out 5:36
11 - I Don't Wanna Get Drafted 2:48
12 - Bobby Brown 2:42
13 - Ms Pinky 3:48

En 2007 sortait ce double album bien chargé avec près de 2 heures d'un concert de Zappa enregistré au Memorial Auditorium de Buffalo situé à New-York le 25 octobre 1980. Sur scène avec le moustachu, une formation de sept autres musiciens dont Steve Vai.

Le tout est produit par la veuve de Frank, Gail Zappa.

Belle entrée en matière avec "Chunga's Revenge" où la guitare de Zappa occupe tout l'espace. Le fond jazz-rock tourne à plein régime, ouvrant de larges voies dans lesquelles s'engouffre la six-cordes aventureuse. Puis le moustachu présente ses musiciens. "You Are What You Is" évolue rapidement sur seulement deux tons et attaque le reggae par le versant sud avec "Mudd Club", puis changement d'ambiance avec "The Meek Shall Inherit Nothing", plus pop, avec une belle basse charnue et un final gospel. Excellent "Cosmik Debris" issu des séances d'Apostrophe, blues qui prend des dimensions dantesques sur scène.

Sans doute ancêtre d'un morceau de The Mars Volta, "Keep It Greasy" est un modèle de rapidité maîtrisée assortie d'une musicalité extrême, suivi de "Tinsel Town Rebellion" qui déploie tout autant de frénésie. "Buffalo Drowning Witch" en mode free-jazz, intervient en pointillé sur une partition coupée en tranches puis "Honey, Don't You Want A Man Like Me ?" bourré de clins d'oeils à tout un tas de choses connues.
Après 2 minutes d'introduction façon Joe Jackson, "Pick Me, I'm Clean" se lance dans un solo de guitare qui semble comme en apesanteur par rapport au reste. La chose s'étire jusqu'à plus soif, jusqu'aux limites d'usure des cordes semble-t-il et ne lâche rien, avant d'abandonner la chasse une petite minute avant la fin.
Grand moment.

Gros rock plein mais alerte "Dead Girls Of London" offre un final étourdissant avant la courte pause jazzy "Shall We Take Ourselves Seriously ?", comme un générique du long titre à venir, "City Of Tiny Lites", une longue suite funk-rock nantie d'un solo monumental pour clore ce premier disque.

Superbes arrangements autour de "Easy Meat" qui ouvre ce second disque. Hésitant entre jazz-rock et tout le reste de la musique maîtrisée par Zappa, le titre atteint un sommet jazz avec un solo en équilibre stable. En forme de générique de série TV des années 80, "Ain't Got No Heart" propulse une pop aventureuse hors des sentiers battus avant de basculer sur l'énormissime "The Torture Never Stops". Partagé entre le côté confortable du jazz traditionnel et une forme plus avancée de free-jazz, le titre tisse différentes périodes. Un premier solo de guitare de 6 minutes vient zébrer l'une d'entre elles, puis c'est le clavier qui prend le relais, en diverses teintes et en mode jazz absolu.

A la 15ème minute, la batterie prend la parole seule, puis reprend le dialogue avec les autres à l'aube de la 18ème minute. La guitare exprime sa colère d'avoir été tenue à l'écart pendant si longtemps dans un long subterfuge qui durera jusqu'à la 21ème minute où le thème de la chanson est repris jusqu'au final.

Grandiose et élégant.
Plus léger "Broken Hearts Are For Assholes" décompresse l'atmosphère à coups de saillies bien placées. Ce petit temps de pause est prolongé du très court "I'm So Cute", intermède furieux et déglingué, puis "Andy" prend le relais avec une ambiance un peu foutraque qui part dans tous les sens. La seconde moitié, géniallissime, est dotée d'un solo de guitare échevelé et d'une présentation sommaire des musiciens désignés par leurs prénoms. Un petit coup de "Joe's Garage" toujours bon à prendre puis "Dancing Fool", chouette morceau festif et vivifiant au refrain catchy.

"The Real World Thematic Extrapolations" commence comme un cauchemar éveillé, avec une longue litanie supportée par un murmure de guitare. Pas vraiment digne d'intérêt.
"Stick It Out" déboule en mode TGV. Zappa en profite pour dire au revoir au public avant un furieux final. "I Don't Wanna Get Drafted" détend l'atmosphère en rappel dans un morceau qui s'incarne dans les seventies avec bonheur, puis nous partons à la rencontre de "Bobby Brown" pour un slow baveux à l'ancienne.

"Ms Pinky" clôt ce deuxième tome dans un funk brûlant.

Un très bon témoignage en concert qui, dans son grand ensemble, donne à entendre des morceaux agréables dépourvus du surcroit de folie que l'on peut trouver dans les titres les plus "tordus" de Zappa. Ici, la virtuosité, la mise en place et la musicalité sont de rigueur. Le talent de Zappa n'en est que rehaussé.