BROADWAY THE HARD WAY (1989)

1 – Elvis Has Just Left the Building 2:24
2 – Planet of the Baritone Women 2:48
3 – Any Kind of Pain 5:42
4 – Dickie’s Such an Asshole 5:45
5 – When the Lie’s So Big 3:38
6 – Rhymin’ Man 3:50
7 – Promiscuous 2:02
8 – The Untouchables 2:26
9 – Why Don’t You Like Me ? 2:57
10 – Bacon Fat 1:29
11 – Stolen Moments 2:58
12 – Murder by Numbers 5:37
13 – Jezebel Boy 2:27
14 – Outside Now 7:49
15 – Hot Plate Heaven at the Green Hotel 6:40
16 – What Kind of Girl ? 3:16
17 – Jesus Thinks You’re a Jerk 9:15

Capitaine Zappa est encore à la barre en 1988. Témoin ce live enregistré on ne sait où ni quand avec une poignée de dix musiciens. Dans ce spectacle très irrévérencieux, Zappa lapide pas mal de monde et égratigne une fois de plus la société dans laquelle on l’oblige à vivre aussi.

Côté style musical, on part un peu dans tous les sens mais il y en a pour tous les goûts : rap, rock, rock FM, jazz se suivent dans des compos ou reprises intelligentes. A signaler un invité de marque en la personne de Frank (mauvais jeu de mot…), en la personne de Sting donc, qui vient en pousser une sur l’un de ses propres morceaux.

Enfin que du bon que nous allons découvrir tout de suite.

Frisant la taverne bavaroise, “Elvis Has Just Left the Building” est une chanson à reprendre à plusieurs en buvant un coup et en se tenant par les épaules. Voilà un démarrage en douceur et placé sous le signe de la bonne humeur contagieuse. “Planet of the Baritone Women” affronte la comédie musicale avec brio, ressentie entre une Liza Minelli à moustache et un Broadway en plastique.
Ambiance semi jazzy, semi pop avec un soupçon de soul pour “Any Kind of Pain”. Jusque dans le solo à peine effleuré, le morceau reste un vrai plaisir auditif.
“Dickie’s Such an Asshole” est à savourer en jazz. L’acidité pointe au milieu du piano rythmique et du solo de guitare plutôt rock. Un chouette morceau qui invite au strip tease.

Quand le mensonge est trop gros, Zappa convoque les cuivres sur un morceau typique Broadway sur “When the Lie’s So Big”. Accélérations, ralentissements, voix trainantes et ironie sous-jacente jouent à cache-cache dans ce titre à paillettes. Sur des extraits de “Mission Impossible” et d’autres titres connus joués par la section des cuivres, “Rhymin’ Man” se payent la tronche des présidents américains, de Reagan à Bush en mode reggae.
Une suite de “petits morceaux” nous est ensuite livrée. “Promiscuous” en mode hip-hop, “The Untouchables” sur le générique des Incorruptibles, le superbe “Why Don’t You Like Me ?” qui égratigne un brin Michael Jackson, puis encore “Bacon Fat”, jazz mou mais sensuel. Embrayage sur le jazz cool de “Stolen Moments” signé Oliver Nelson, un saxophoniste, compositeur et arrangeur américain, comme nous dit la page Wikipedia qui lui est consacrée.
Le “Murder by Numbers” de Police est tiré de son sommeil entamé à la fin de “Synchronicity” pour renaitre en mode jazz sous la patte de Zappa qui présente son invité par deux fois.
“Jezebel Boy” cultive l’attente et la patience avec quelques gouttes de musique en suspension. Les choses sérieuses arrivent avec les 3 morceaux ambitieux du spectacle.

Lancinant mais précieux “Outside Now” comme un joyau sans cesse remis à la lumière. Le solo de guitare compliqué constitue l’écrin de ce joli morceau lent à l’ambiance vaporeuse. Les cuivres de “Hot Plate Heaven at the Green Hotel” se mettent à tonitruer comme sur la compilation “Cheap Thrills” sortit en 1998. Une grande partie du morceau est consacré à un solo liquide avant la reprise des hostilités “cuivresques” en fin de parcours. Joli titre survitaminé avec un riff de cuivres mémorisable à l’excès.

“What Kind of Girl ?” parcoure un jazz New Orleans tout ce qu’il y a de plus classique en émiettant quelques bribes d’airs connus à l’intérieur. Pour finir, une grande pièce nous attend. “Jesus Thinks You’re a Jerk” (Jesus pense que tu es un branleur) commence comme un générique de Oui-Oui. Il faut dire tout d’abord que l’affirmation du titre est destinée à Reagan, Bush et Oliver North, ce dernier étant un écrivain/animateur TV ex-militaire.

La satire est jubilatoire, promenée le long d’une musique très variée pop ou jazz remplie de petits bruitages qui viennent étayer le propos.

Un très bon disque, très abordable avec son lot de petites surprises.
Pas de morceaux alambiqués mais une musique tout ce qu’il y a de plus digeste suréquipée en humour corrosif.
A la fin du spectacle, Zappa rappelait au public que voter leur permettait de s’exprimer.
C’est Georges Bush qui sera l’heureux élu…