Boulez Conducts Zappa : The Perfect Stranger (1984)
2 - Naval Aviation in Art ? 2:45
3 - The Girl in the Magnesium Dress 3:13
4 - Dupree's Paradise 7:54
5 - Love Story 0:59
6 - Outside Now Again 4:06
7 - Jonestown 5:27
"Boulez Conducts Zappa: The Perfect Stranger", issu des enregistrements effectués par L´Ensemble Intercontemporain dirigé par Pierre Boulez parait en août 1984.
Il s'agit d'une oeuvre de musique contemporaine écrite par Frank Zappa, qui joue sur ce disque un tout nouveau type de synthétiseur très sophistiqué : le synclavier.
Nous sommes bien évidemment très loin du rock ou des créations habituelles de Frank Zappa et en présence de vraies pièces instrumentales classiques.
Boulez hésitera un long moment avant d'accepter d'enregistrer ce disque, ne connaissant pas Frank Zappa et le considérant uniquement comme un musicien dit populaire.
Le disque et la représentation qui suivra, le 1er Septembre 1984, ne satisferont pas Zappa, se faisant rattraper par Boulez pour saluer en même temps que les musiciens,
trouvant que sa musique est jouée de manière trop stricte sans le degré de folie habituelle qui n'est jamais écrit sur la partition mais qui est inhérente à l'oeuvre de Zappa dans son grand ensemble.
"The Perfect Stranger" est la première et plus importante pièce des sept proposées sur cet opus. Dense, parcourue d'un vrai souffle épique, cette musique rappellera à chacun des bribes
de sonorités ou d'ambiances entendues dans d'innombrables films, celle-ci se prêtant très bien à l'évocation d'images que chacun pourra concevoir dans son propre imaginaire.
Plutôt inquiétant "Naval Aviation in Art ?" fait courir des nuages menacants dans un noir ciel d'orage. Les spécialistes diront que cette pièce, tout comme d'ailleurs "Dupree's Paradise",
ne sont pas le reflet de ce que voulait Zappa et se révèlent froids et trop mécaniquement intellectuels, dénué de l'humour instillé au préalable par son créateur.
Complexe et montrant une page noire de notes, l'injouable "The Girl in the Magnesium Dress" laisse éclater des milliards de petites bulles sonores.
"Dupree's Paradise" clame, ronronne, divertit, sert de bande originale à une comédie pimpante des années 50 ou devient la trame de fond d'un film sombre. De multiples ambiances donc qui se
succèdent les unes aux autres.
"Love Story" a moins d'une minute pour faire trépider ses petites clochettes avant de passer sur "Outside Now Again", monotone, qui est la refonte d'un solo de guitare joué sur Joe's Garage (1979),
mais la justesse de propos de l'original n'atteint pas cette copie un poil trop pâle et anecdotique.
"Jonestown" est un morceau difficile, emprunt d'une horreur palpable, celle qui raconte le suicide collectif à Jonestown d'une secte guyanaise (Le Temple du Peuple) où neuf cents personnes trouveront
la mort dont trois cents enfants.
C'est sur cette note noire et macabre que se termine cet opus pas toujours facile d'accès.